Distance parcourue: 33 MN

L’Aber Ildut a été une découverte pour nous car nous entrons dans une zone où nous n’avons jamais navigué. Ce n’est que le début d’une longue série de découvertes dont fait parti notre prochain point d’atterrissage: Brignogan-Plages.

Forts courants, côte rocheuse, ports à accès restreint en fonction des marées. Le cabotage en Bretagne nord est un exercice qui nous occupera chaque veille de navigation, plus longtemps que pour la Bretagne sud, pour répondes à ces questions dans le désordre:

  • est-ce que le vent va être favorable ?
  • où passer la nuit ?
  • à quelle heure doit-on se présenter sur le lieu de l’escale ?
  • à quelle heure peut-on partir de notre port ou mouillage ?
  • quelle distance doit-on ou peut-on parcourir ?
  • quelles sont les heures de pleine mer, basse mer au départ et à l’arrivée ?
  • Quel est le coefficient de marée, faible, moyen ou fort ?
  • Quels sont la direction et la vitesse du courant à chaque heure marée ?
  • Est-ce que l’effet vent contre courant va nous créer des problèmes ?
  • Quels sont les principaux dangers qui nous guettent sur cette route ?

On met tout ça dans un panier. On secoue bien fort et, en principe, se dégage un plan de route qui devrait nous mener à bon port. Ne pas oublier le plan B si le tirage du loto n’est pas exactement conforme à ce qui est attendu.

Pour l’instant, la prévision de vent nous donne un vent de secteur Nord, 6-8 nds; plutôt mou. En parlant de météo, aujourd’hui, nous en sommes à 14 jours de navigation et, durant cette période, nous avons eu 12 jours de conditions anticycloniques (pression atmosphérique > 1015 hpa), synonyme de beau temps en général mais également de brouillard dans certaines zones. Aujourd’hui, c’est le 12ème jour, pression au réveil 1015,8 hPa. Notre rameur Deutz va devoir donner de la voix et de la poussée.

Au réveil, le brouillard baigne l’Aber. Nous retardons notre départ pour attendre que le brouillard soit moins dense. Nous sortons de l’Aber Ildut vers 10h du matin, 3h avant pleine mer. Nous rencontrons une houle de Nord-Ouest qui crée une mer agitée sur les faibles profondeurs que nous traversons.

Résultat: une petite poussée d’adrénaline lors d’un passage dans un chenal juste au nord de l’Aber Ildut qui va nécessiter de pousser le moteur pour s’extraire de la zone. Beaucoup de vagues qui brisent sur les rochers environnants et qui créent un passage chaotique. Très impressionnant au regard de la hauteur modeste de la houle. On peut s’imaginer la zone en cas de fort vent de Nord-Ouest.

Le phare de l’île Vierge au nord de l’entrée de l’Aber Wrac’h

C’est donc une navigation au moteur car avec 6 à 8 nds de vent, grand largue, nous sommes à la peine avec notre foc et GV. La voile de portant nous manque. Le ronronnement nous berce et nous admirons la côte et les gerbes d’écumes qui se fracassent sur les rochers. Cette écume nous suit jusqu’à l’entrée de la baie de Brignogan, notre destination. Les brisants de part et d’autre du chenal d’accès sont spectaculaires. Fort heureusement, le chenal est plus calme et l’entrée est plus large que ce à quoi nous nous attendions. Il faut être attentif aux conditions météos pour entrée ou sortir de cet endroit.

La protection qu’offre la baie par houle de Nord-Ouest

La baie est calme. Nous avons sélectionné sur la carte marine associée à une reconnaissance sur photo satellite un endroit pour jeter l’ancre. L’objectif est de réaliser notre premier échouage car, un, nous en avons très envie, et deux, je dois vérifier la carène et la ligne de propulsion pour voir si tout va bien. Nous jetons l’ancre 3h avant basse mer. L’aventure de l’échouage commence …