Distance parcourue : 42 MN
Après un petit détour par l’Allemagne, nous reprenons la direction du Danemark. Les prévisions météo sont un peu plus favorables pour ce qui concerne la vitesse du vent, en tout cas, dans la première partie du voyage : 8 à 10 nds prévu sur le parcours. L’affaire va être plus compliquée entre l’île de Lolland et Langeland, une bulle sans vent va s’installer. La navigation se fera au près sur la première partie du voyage, mais avec très peu de hauteur de vague (vent de Nord-Ouest puis Ouest). Il y aura environ 10 MN à parcourir dans cette bulle. Dans le pire des cas, nous aurons recours à la propulsion mécanique pour terminer cette étape, mais nous essayons toujours de marcher à la voile le plus possible.
Le soleil est au rendez-vous, mais il est tôt. La nuit a été claire et, ce matin, l’atmosphère est un peu fraîche. Il n’y a pas de difficultés sur ce parcours. Le risque majeur vient du trafic des navires de commerce assez intense. Venant de l’Est, ils se dirigent vers le canal de Kiel ; entre Fehmarn et Lolland, ceux venant de l’Ouest, se dirigent soit vers le Kattegat en passant entre Langeland et Lolland au nord, soit vers la partie Est de la mer Baltique. L’AIS est très utile quand il s’agit de traverser un rail de trafic maritime. Il permet d’estimer le risque de collision avec précision à condition, bien sûr, que celui des navires qui le parcourent ne soit pas en panne. L’œil (c’est encore mieux avec les deux) reste la valeur sûre pour infirmer ou confirmer les informations de l’AIS.
Après avoir traversé les deux rails de trafic situés sur notre parcours, nous entrons dans le passage entre les deux îles, LangelandsBælt. La bulle sans vent est au rendez-vous et le vent chute à 5 nds. Nous progressons encore à 2,5 nds. En général, à ce stade, nous estimons notre heure d’arrivée et si nous trouvons que nous allons arriver trop tard, nous choisissons notre heure d’arrivée maximum et calculons l’heure limite à laquelle il faudra faire appel au diesel. On ne se sait jamais ; entretemps, une brise pourrait se lever qui pourrait nous faire arriver à l’heure souhaitée sans avaler de gasoil.
Dans notre cas, la difficulté se situe à l’arrivée sur la zone de mouillage choisie. Albuen Havn est un beau mouillage. Son chenal d’accès est étroit et peu profond. Notre cartographie électronique, OpenCpn avec des cartes oeSENC ne donne aucune information sur la profondeur du chenal, mais d’autres sources, guide de navigation et Navionics qui équipe nos smartphones, donne une profondeur autour de 1,5 mètre. C’est un chenal dragué à 1,5 m, mais qui peut s’envaser. En dehors du chenal, les sondes donnent 0,9 m, mais elles sont peu précises. Il est préférable d’avoir une bonne visibilité pour s’y aventurer. Par mauvais temps, c’est risqué d’y entrer. Ces assertions restent vraies pour en sortir. Après quelques miles à traînasser dans la brise évanescente, l’heure limite est atteinte et le reste du parcours se fera au moteur, mais il ne reste que 6 MN à parcourir seulement. Les voiles ont bien travaillé.
Une fois les voiles affalées, nous tentons de repérer l’entrée du chenal. Ce n’est pas toujours facile de comparer ce que nous voyons avec ce qui est inscrit sur la carte marine. Nous faisons quelques ronds dans l’eau en observant le sondeur. Heureusement, un petit bateau moteur, certainement des pêcheurs, emprunte le chenal. Cela nous donne une idée de la direction à suivre. Nous y entrons à vitesse réduite sans quitter des yeux l’afficheur de la profondeur. La difficulté dans un chenal si étroit est de garder l’alignement entre deux marques de chenal. J’ai dévié un peu, mais sans conséquence. Nous avons 1,1 mètre de tirant d’eau, donc avec 1,5 m dans le chenal, il n’y a pas beaucoup de marge, mais on peut compter sur une toute petite amplitude de marée qui vient rajouter quelques centimètres toujours bienvenus : le sondeur nous indique 1,9 mètre dans le chenal.
Nous débouchons dans la zone de mouillage qui est tapissée de grandes algues et jetons l’ancre dans 2 mètre d’eau. J’avoue que je n’étais pas trop à l’aise pour entrer dans ce mouillage. L’impression d’entrer dans un piège ne me quittait pas, mais, là, c’est un tunnel plutôt qu’un piège. Le paysage, à sa sortie, est la hauteur des difficultés pour y entrer.