Distance parcourue : 32 MN
Selon les prévisions météo du jour, nous allons naviguer dans un marais barométrique. Un lieu où la pression atmosphérique varie peu ; un lieu où les voiliers restent englués, un peu comme une botte dans de la tourbe bien grasse. Au menu donc, vent variable en force et en direction ; cette dénomination signifie : vous aurez de la chance si vous avez du vent et, si vous en avez, ce sera certainement dans le nez. Mais, grâce à ce marais, il existe une petite chance d’avoir une brise thermique qui se devrait se lever vers midi.
Notre objectif initial est de faire une étape assez longue de 50 MN pour rejoindre un mouillage à l’Ouest de l’ile de Lolland. Avec la vitesse du vent annoncée, ce n’est pas gagné. Nous quittons Gedser vers 7 h30 sous grand-voile seule et appuyé au moteur, car le chenal qui permet de rejoindre la pleine mer n’est pas très large. Les bords du chenal remontent très vite. Nous ne nous voyons pas tirer des bords dans cet étroit passage si le vent venait à nous arriver de face. De plus, notre chemin va croiser celui des ferries. Le moteur est une valeur sûre dans ce cas-là.
Une fois sortis de ce petit espace, nous naviguons sous voile. Pour améliorer notre moyenne, nous allons hisser le gennaker, mais, pour gagner un peu, il faut savoir perdre un peu, en l’occurrence, nous parlons du temps. Il nous faudra 22 minutes, chronomètre en main, pour le déployer. Une fois établit, nous filons alors bon train par rapport au vent que nous avons. Malheureusement, l’heure avançant, la direction du vent n’est plus très favorable et nous sommes obligés de virer de bord et de rouler le gennaker. Il semblerait que nous allons faire la route au près pour rejoindre le côté Ouest de Lolland.
Notre destination prévue est un joli mouillage dans une baie peu profonde, mais dont l’accès est étroit et encore moins profond. L’arrivée de nuit est à proscrire (il n’y a pas de balises lumineuses). Avec la météo que nous constatons, nous avons un doute sur l’heure d’arrivée si le vent nous abandonne. Au virement de bord suivant, sous l’énorme champ d’éoliennes qui borde le sud de l’île de Lolland, nous décidons de piquer vers l’île de Fehmarn. Retour en Allemagne pour aller jeter l’ancre sous le phare de Staberhuk, à l’Est de Fehmarn.
En chemin, le vent forcit, la brise thermique s’établit et le vent atteint 13 nds. Nous naviguons vers Fehmarn avec un angle favorable par rapport au vent. Il y a plusieurs mouillages possibles et nous allons les visiter un par un pour choisir celui qui nous semble le plus adapté et/ou le moins risqué. Lorsque nous laissons l’ancre rejoindre le fond de la mer, le vent s’est envolé. La nuit sera calme.