Distance parcourue: 9 MN
En voilà un petit saut de calmar. C’est une toute petite distance à parcourir mais comme nous allons découvrir quelque chose de nouveau, nous préférons prendre notre temps. C’est comme quand vous goûtez un plat inconnu, mieux vaut en prendre un petit peu pour ne pas être surpris si ça passe mal.
Pas de prévisions météo, aujourd’hui. On lève le nez, on regarde le ciel. Si ça nous va, on y va; sinon, on se recouche. Et comme, ça va, c’est parti.
Nous traversons le chenal de l’Escaut comme recommandé sur la carte marine en faisant attention aux ferries qui font la navette entre Breskens et Vlissingen. Nous visons entre deux navires de commerce pour atteindre l’autre rive. L’entrée de l’écluse n’est pas très visible; les ferries nous aident à la repérer.
Aujourd’hui, plein de nouveautés au programme:
- Eclusage.
- Passage de ponts mobiles.
- Navigation dans un canal.
Les écluses sont majoritairement automatiques au Pays-Bas. Ils vous observent avec les caméras et vous ouvrent les portes. L’attente peut aller de zéro à plusieurs dizaines de minute. Il y a bien sûr des horaires mais les informations nécessaires sont facilement disponibles. Le site Waterkaart.net est la référence. Il nécessite un peu d’investissement en apprentissage du néerlandais mais le jeu en vaut la chandelle. Allez, une petite leçon de néerlandais pour dire écluse: sluis
Nous nous sommes amarrés à un ponton d’attente et nous observons les feux à l’entrée. Deux feux rouges: comme en voiture, à vos risques et périls, amende salée. Un feu rouge, un feu vert: posez votre casse-croûte et mettez votre moteur en route, ça va bientôt ouvrir. Deux feux verts: bienvenue dans votre première écluse aux Pays-Bas.
Nous avons une petite hésitation à l’amarrage à l’intérieur de l’écluse. Il y des chaînes pendantes au bout desquelles se trouve une longue poutre. C’est une espèce de protection entre le mur et les bateaux qui monte ou descend avec le niveau d’eau. Mon premier réflexe a été de faire passer les amarres autour de ces chaînes. Une observation attentive de la part de Colette sur la technique d’amarrage de nos compagnons d’écluse conclue à utiliser les bollards qui sont insérés à différents niveaux dans le mur. ça glisse mieux dessus et c’est facile à larguer avec une gaffe pour partir. Le niveau d’eau descend assez peu. Il y a très peu de courant. Les portes s’ouvrent.
Nous voici sur le « Kanaal door Walcheren ». C’est un canal qui relie Veerse Meer à l’estuaire de l’Escaut. Il a été construit au dix-neuvième siécle pour améliorer la prospérité de la ville de Middelburg. Il est traversé de plusieurs ponts qu’il va falloir passer. Très utilisé par la plaisance, le gestionnaire du canal a mis au point une méthode pour faire transiter les nombreux bateaux en été, en causant le minimum de gêne au trafic routier, train, piétons et cyclistes. Ils appellent ceci la *blue wave », la vague bleu qui consiste à ouvrir le premier pont à heure fixe. Puis à ouvrir les ponts suivants, les uns après les autres, en considérant une vitesse fixe. Nous avions lu autour de 5 nds; dans notre cas, c’est plutôt 4 nds pour arriver sans trop attendre au prochain. Vu de terre (à côté du pont), c’est un petit spectacle dont profitent les piétons et les cyclistes. Les automobilistes sont trop loins, coincés dans leurs boîtes, et les passagers du train ne verront rien du tout. Au Pays-Bas, Il y a toutes sortes de ponts mobiles: coulissant, tournant, levant par pivotement, levant par coulissement. Il y a aussi les tunnels, mais là, c’est nous qui ne verrons rien; ils nous passent dessous. Colette a pris un malin plaisir à photographier nos premiers ponts sur le canal de Walcheren.
La navigation sur un canal est assez rectiligne; elle se fait au moteur. Un voilier, surtout de la taille de Strana, n’est pas trop dans son élément. Mais, le plus, c’est que vous traversez le coeur du pays et vous regardez le paysage défiler comme les promeneurs vous regardent passer. Un petit virage sur bâbord et nous voici au coeur de Middelburg.
