Hier, c’était la fête du travail. Du travail, il en a été question depuis le 18 avril pour préparer cette saison 2024.

Dans l’avion qui nous mena en Norvège, une première interrogation trottait dans ma tête. Dans quel état allons-nous retrouver Strana ? Pas trop inquiet pour l’extérieur, car l’équipe du port de Norheimsund prend grand soin de leurs pensionnaires, nous étions plus concernés par l’état intérieur : humidité, moisissure et l’odeur qui va avec. C’est le premier hiver de Strana passé à flot. Un hiver rigoureux, cette année à Norheimsund avec une neige plus abondante.

Sur la route entre Bergen et Norheimsund, un lac encore gelé à 450 m d’altitude.

Le soir du 18 avril ; il est 21 h 30, nous ouvrons la porte de descente et nous respirons un grand coup… une odeur de produit de nettoyage. Le bateau n’a pas moisi durant l’hiver, tout est sec. Il est bien ventilé. D’ailleurs, en parlant d’air… Il est à 2°C à l’extérieur et 11 °C dans le bateau, probablement la température de l’eau actuelle, avec un taux d’humidité de 60%. Pas mal, mais un peu frais pour nos carcasses. Je me jette sur le poêle, j’essaye de me rappeler la procédure d’allumage. Oui, c’est comme un Boeing. Il y a une check-list, et parfois, des impondérables. Mais, ce soir, c’est la fête. Ça sent bon dans notre résidence flottante et il fait 16°C quand on se glisse sous la couette.

Le lendemain matin, mon café à la main, je regarde la liste des tâches pour la préparation de la saison. La joie d’hier soir d’avoir retrouvé Strana comme nous l’avions laissée laisse place à la sensation d’avoir les prochaines journées bien occupées.

C’est confirmé, les journées sont bien remplies. Et, curieusement, au lieu d’avoir une liste de tâches qui se vident, c’est l’inverse. Non, mais alors, que se passe-t-il ? Un impondérable comme dans les Boeings. À la remise en route du moteur, la pompe à eau fuit copieusement. Elle fuyait un peu l’année dernière, mais un hiver d’absence, et la voilà qui pleure de nous avoir retrouvé.

Je tente de la réconforter, mais je crois qu’elle a besoin d’un traitement plus radical qui demande l’intervention d’un professionnel. Le problème d’un professionnel, c’est qu’il est très occupé. Et oui, sinon, il ne gagnerait pas sa vie. Cette histoire va nous coûter du temps pour rien puisque la pompe est revenue dans son état initial après avoir passé quelques jours de vacances (vacance, c’est absence, non ?). C’est pour cette raison que je vous écris aujourd’hui, 2 mai 2024, du ponton du « Gjestehamn Norheimsund ».

Bel endroit pour perdre quelques jours.

Mais ne perdons pas espoir, pendant le séjour à l’étranger de la pompe, la liste de tâches a pris du plomb dans l’aile sans aller jusqu’à la peau de chagrin. Quand la pompe sera de retour à son poste, aujourd’hui si tout va bien, nous serons prêts à quitter le quai. Il reste une grosse tâche sur la liste (pas d’encre) mais ceci est une autre histoire.