Distance parcourue : 75 MN

Après cet intermède Fêto-Natio-Ålesundien, il est temps de reprendre la mer. Comme nous nous sommes bien reposés, ce sera une grande enjambée aujourd’hui.

Les prévisions météorologiques sont en notre faveur : une petite brise de 9 à 13 nœuds va souffler sur notre parcours, d’Ouest d’abord, il basculera Nord-Ouest par la suite. La nuit à Klubbøya s’annonce reposante : un petit Noroît qui ne dépassera pas 9 nœuds. Le ciel, lui par contre, est chargé. Il y a eu une averse la nuit dernière. Voilà pour le briefing météo.

Comme il y a tout de même des milles à parcourir, le départ est fixé à 6 h 30. Une boisson chaude pour démarrer l’équipage (le reste du petit-déjeuner se prendra en navigation). Une petite injection de gasoil pour démarrer le moteur. Nous hissons la grand-voile en sortant du port. Avec 1 nœud de vent mesuré, il va falloir nous en donner un peu plus pour avancer uniquement à la voile.  Nous refaisons le chemin du ferry qui nous amenait à Ålesund. D’ailleurs, nous le croisons.

Le parcours du jour.

C’est un peu après le nord d’Ålesund que les voiles sont toutes à poste, juste après le pont de Lepsøyrevet. Le moteur peut retourner se coucher. Le mot « revet » signifie « banquette » ou « banc de sable » en norvégien. Le pont enjambe cette zone qui a des profondeurs de 4,5 m à 8 m, à comparer avec les 170 m et 50 m qui encadrent cette « banquette ». Dans ce banc, un chenal bien rectiligne est dragué à 11 m pour permettre le passage des grosses unités telle que le Hurtigrüten, l’Express Côtier, qui, comme nous, cabote le long des côtes norvégiennes, mais depuis un peu plus longtemps que nous, puisqu’il a commencé en 1893.

Le Lepsøyrevet est connu pour ses conditions de navigation difficiles et a été le site de nombreux naufrages et collisions en raison de sa profondeur peu importante et des courants forts.  Mais rien de tout ça aujourd’hui, Lepsøyrevet dort.

Pas très engageante la côte norvégienne aujourd’hui.

Une deuxième épreuve nous attend : nous devons quitter l’abri des îles pour faire une incursion en Mer de Norvège avec une partie côtière également réputée pour sa dangerosité qui se nomme Hustadvika. Courants forts et mer violente sont fréquents à cet endroit. C’est une des raisons qui nous a poussé à faire une si longue étape. Avec cette météo favorable et mer rangée, c’était le bon moment. Nous aurons tout de même un petit coup de shaker dans ce tronçon, mais sans commune mesure à ce qui pourrait arriver par vent fort.

Norvège, terre de contraste. La mer remue un peu.

La brise devient évanescente. Pour faire durer le plaisir, nous décidons de hisser le gennaker pour continuer à glisser en silence. Horreur, malheur, un concours de circonstances va rendre le gennaker inutilisable : le cordage qui permet de régler la tension de la chute s’est pris dans un mousqueton qui attache le foc à l’étai, et ceci, alors qu’il était presque en haut. Je ne l’ai pas vu et j’ai souqué au winch en pensant tendre le gennaker qui, bien sûr, ne se tendait pas. Par contre, le petit cordage, lui, s’est bien tendu. Tellement, qu’il a arraché son fourreau sur une belle longueur. Et m…. On remballe tout. Réveille-toi Deutz, c’est l’heure de se mettre au boulot.

Notre zone d’atterissage.

Nous approchons de notre destination avec le soleil qui nous accompagne depuis déjà un moment. Il est 19 h 45 quand l’ancre est posée. C’est maintenant au tour de l’équipage de se poser.

Fin d’une journée bien remplie.