Nous sommes au cœur de la ville d’Harlingen. C’est la première fois que nous sommes amarrés au cœur d’une ville. En buvant ma tasse de café du matin, je me dis que, finalement, être amarré en pleine ville n’est pas ma tasse de thé. Il y a beaucoup de passage, voitures, piétons. L’ambiance est plutôt bruyante, encore que nous soyons loin de la fureur d’une grande ville. Mais, il faut reconnaître qu’Harlingen ne manque pas de charme.
Voilà, c’est fait pour la première pensée du jour et comme j’aime bien avoir toujours une longueur d’avance, vient la deuxième. Mais, bon sang, comment allons-nous faire demi-tour pour ressortir de ce canal qui sert de port ? Il y a des bateaux à couple partout, le canal est étroit, Strana manœuvre comme une motte de beurre sur une patinoire. Je préfère aller me servir le deuxième café sur cette question restée sans réponse… pour l’instant.
Deuxième café, troisième réflexion : comment sont amarrés nos voisins ? Le port est soumis à la marée et le quai en pierres est fixe. Il faut laisser les amarres molles, mais pas trop. Le port fournit des planches à mettre par-dessus les pare-battages pour éviter qu’ils ne soient soulevés avec les mouvements de marée et de les user sur le quai. Nous ne savons pas trop comment faire pour ces amarres; nous n’avons pas mis de gardes pour limiter le nombre de cordages à ajuster lors de mouvements de marée. Ça ressemble à peu près à ce que les autres font.
Bizarrement, je n’arrive pas à m’emballer pour visiter Harlingen, mais, de toute façon, je dois d’abord régler notre problème d’AIS qui persiste à ne pas fonctionner. Colette va pendant ce temps profiter de la ville, mais, avant de partir, nous assistons à une manœuvre qui nous donne quelques sueurs froides.
Prenez une péniche hollandaise traditionnelle à voile et à coque acier, longue, lourde, qui a besoin de faire demi-tour pour quitter son amarrage. Ça se passe de l’autre côté du canal et sa manœuvre va directement pointer son énorme gouvernail droit sur notre coque. En travers du canal, le capitaine a juste quelques mètres pour avancer et reculer en tentant de faire pivoter sa péniche vers la sortie. À chaque recul, nous sommes en apnée, à chaque marche avant, on prend une inspiration. Son safran vient renifler de près la coque de Strana mais son capitaine maîtrise sa manœuvre et le vent est nul ce matin. Il vient de nous prouver que c’est possible et ça rassure un peu vu la taille de son canot.
Le lendemain, je ferai tout de même une visite rapide d’Harlingen à vélo au petit matin avant de partir.