Distance parcourue : 49 MN

Aujourd’hui, il y a du vent au menu, de 11 à 17 nœuds. Et pour pimenter le repas, un vent du Nord, ce qui va nous faire naviguer au près sur la majeure partie du parcours.

Nous quittons le joli mouillage de Brakholmen vers 8 h 30. La vitesse du vent est déjà de 14 nœuds, avec quelques pointes à 17 nœuds. Comme nous devons passer dans un passage étroit (100 m de largeur) qui mène à Brønnøysund ainsi qu’un pont, nous retardons la mise en place des voiles après le passage de ce secteur. Tirer des bords au près là-dedans ne nous dit rien du tout.

Nous laissons Torghatten derrière nous.

Nous en profitons pour admirer le paysage et cette petite ville qui dispose tout de même d’un aéroport qui la relie à Bødø et Trondheim. Pour nous rendre à Sandnessjøen, il y a pas mal d’îles à passer. Après celle de Lyngøya, nous avons un peu plus d’espace, alors nous envoyons grand-voile et foc dans un vent de Nord-Nord-Ouest autour de 15 nœuds. La zone est un peu minée en rochers et marques en tout genre.

Nous tirons notre huitième bord de près. Cela fait déjà un petit moment que nous avons un ris dans la grand-voile. Le vent est plus du côté des 20 nœuds que des 17.  La mer est hachée avec des vagues qui ne sont pas très hautes, 50 cm, mais courtes. Il est maintenant 14 h 30 et il nous reste 16 MN à parcourir pour atteindre Sandnessjøen. Nous allons entrer dans un secteur où le vent va s’accélérer et prendre exactement la direction contraire à notre progression, car canalisé par les îles et les reliefs.

Décision est prise d’affaler les voiles et de terminer le parcours au moteur. À noter, et c’est très important de le signaler, que nous sommes 20 minutes avant marée haute. Hauteur d’eau au-dessus du zéro des cartes à pleine mer : 2,1 m, et c’est très, très important de le signaler.

Nous nous dirigeons vers une baie au sud de l’île de Tjøtta pour nous abriter de la mer (beaucoup) et du vent (un peu) qui souffle à 23 nœuds maintenant. À 600 m de la côte, je mets le moteur en route, puis je mets le bateau tribord amure en serrant le vent pour que Colette descende le foc (il est toujours rangé sur bâbord). Il n’a pas encore atteint le pont que je largue la drisse de grand-voile qui, montée sur chariots à billes, descend à la vitesse de l’éclair pour rejoindre sa position de repos.  Son rangement n’est pas parfait, mais on arrangera ça plus tard. Manœuvre impeccable et rapide. Tout est sous contrôle. Pour conclure, je relève la dérive pendant que Colette finit de ranger devant. Je lève la tête alors qu’elle me montre quelque chose sur bâbord avec sa main, quelque chose qui ressemble furieusement à une marque de danger. Évidemment, nous sommes du mauvais côté et nous sommes passés sur des rochers affleurants de 10 cm au niveau zéro des cartes. C’est un scénario similaire à notre aventure l’année dernière dans le Lysefjord avec une marque représentée par une fine tige en acier rouillé, difficile à voir de loin, mais tellement facile à identifier avec le nez dessus. Elle est sombre. Elle était face au soleil. Cette fois-ci, nous avons eu de la chance grâce à la respiration de la mer. La marée nous a sauvé d’un talonnage, et avoir relevé la dérive sans attendre nous a sauvé en réduisant le tirant d’eau de 2,05 m à 1,1 m.

Après lecture de la trace sur la cartographie, nous constations que la marque est sur un plateau rocheux qui découvre de 0,5 m à marée basse (par fort coefficient) et qui s’étend au NNE sur environ 35 mètres. Nous sommes passés à 70 m dans son NNE, mais il y a également deux rochers isolés à 10 cm sous la surface du zéro des cartes. Je crois bien que nous sommes passés juste entre les deux. Mon cœur s’est emballé après cette histoire avec le souvenir de l’année dernière et j’ai eu subitement très chaud malgré le vent…

Avec l’aventure d’hier vers Rørvik, nous sommes à une aventure par jour. Il va falloir que ça s’arrête. Comble de malchance, à notre arrivée à Sandnessjøen, nous tombons sur un salon nautique et les places aux pontons sont rares. Celui qui reste est réservé. Il est 18 h 30 et nous aimerions éviter de chercher un autre endroit pour la nuit, même si les jours rallongent. Nous demandons la permission de rester pour la nuit qui nous est aimablement accordée, car nous sommes vendredi et le salon ne démarrera vraiment que demain. Journée agitée, mais environnement apaisant à Sandnessjøen.

De syv søstre, les sept soeurs. Sept sommets autour de 1000 mètres qui sont des lieux populaire pour la randonnée. Le record pour l’ascension des sept points culminants est de moins de 4 heures. Sandnessjøen n’est pas loin.