Le port est niché au cœur de la ville. Pour tout vous dire, j’étais un peu inquiet sur notre capacité à manœuvrer dans ce port qui, sur les photos, ne semblait pas très large. Beaucoup de ports sont équipés avec des « box » qui sont des amarrages entre piles: 2 poteaux de bois à l’entrée, un quai à terre. Vous faites comme vous voulez, la proue à quai ou la poupe à quai, toujours est-il qu’il va falloir mettre les amarres sur les poteaux en passant, sans avoir les pare-battages, sinon vous restez coincés entre les poteaux. Comme toutes les premières fois, c’est un peu tendu que j’essayais d’imaginer comment nous allions rentrer dans ce genre de boîte.
J’ai bien essayé, comme d’habitude, d’appeler le maître du port pour savoir d’avance à quel endroit nous pourrions nous mettre. Mais là, pas de chance: je tombe sur un répondeur en néerlandais où je n’ai même réussi à comprendre les numéros. Ne parlons du texte qui suivait. Depuis, j’ai fait quelques progrès (sur les numéros seulement). La communication s’est arrêtée là.
Pour connaître ce qui nous attend, nous nous amarrons au quai d’accueil. Colette se charge d’aller à la capitainerie pour voir s’ils ont une place pour nous. J’attends le verdict car, vu de près, ce n’est pas large, ni dans le chenal, ni entre les poteaux pour Strana. Je continue à imaginer le pire …
Colette revient avec le sourire; nous avons une superbe place d’accès facile, sans poteaux. Strana fait 4,3 mètres au maître-bau (plus grande largeur); apparemment trop large pour entrer entre les poteaux. C’est parfois bon d’avoir du ventre.
Il est temps de faire une rapide visite à pieds pour une fois. Rapide, car notre future destination n’est pas très loin de Middelburg et nous aurons l’occasion d’y revenir. Le cœur de la cité est superbe. Elle est cernée de canaux. Les maisons s’alignent le long de ces canaux. Beaucoup datent du dix-septième siècle, période connue comme l’âge d’or des Pays-Bas. Middelburg était alors la deuxième ville dans laquelle la V.O.C. avait ses activités. Ouvrons les livres d’histoires: la « Vereenigde Oostindische Compagnie » ou Compagnie néerlandaise des Indes Orientales a sévit pendant près d’un siècle et a amassé des fortunes avec son monopole du commerce avec l’Inde et l’Asie. L’aspect de la ville en garde les traces. Un tiers de la vieille ville a été détruite pendant la Seconde Guerre mondiale mais a été reconstruite le plus fidèlement possible. Son passé est brillant mais son présent n’est pas mal non plus. C’est une ville vivante et animée.
J’ai eu l’occasion, plus tard, de regarder un film qui retrace la vie romancée d’une figure célèbre du pays: Michiel de Ruyter, amiral de la flotte néerlandaise au 17ème siècle. J’y ai reconnu des rues de Middelburg.