Je ne reviendrais pas sur les places avec poteaux qui peuplent ce port, mais elles sont nombreuses ici. Il y a le choix, car nous sommes encore tôt pour la saison et la marina est vide. Ses principaux occupants sont des petites vedettes de pêche qui a l’air d’être une activité fortement pratiquée ici. Il y a sur le ponton une table pour nettoyer le poisson et nous avons vu des pêcheurs avec 3 gros seaux pleins de harengs en pleine découpe.
Nous avons choisi une place prévue pour un 18 m, car la contrainte avec Strana pour ce type de place, c’est sa largeur. Souvent, les ports avec poteaux ont des largeurs insuffisantes dans les places de 12 à 14 m pour Strana. En plus de chaque amarre allant aux poteaux arrière de chaque côté du bateau, nous avons deux amarres croisées. La place est longue et, avec elle, nous espérons limiter le mouvement latéral du bateau, car, demain, nous serons travers du coup de vent et ça va danser la gigue dans le port.
Ça n’a pas été facile de trouver comment les amarrer sur le bateau. Nos solides taquets arrière ne sont pas tout à fait à l’extrémité du bateau. Les amarres passent un peu au milieu de la jupe, mais nous avons fini par y arriver avec l’aide de l’annexe qui, une fois n’est pas coutume, est sortie de son garage au port pour me permettre de les passer autour des poteaux. L’amarrage à Glowe doit détenir le record du temps passé pour mettre en place les amarres. Deux heures plus tard, l’équipage tombe d’accord pour dire que Strana devrait résister au coup de vent annoncé avec ses ficelles en place.
Dans la nuit, vers 3 h du matin, ça commence à siffler dans les haubans. Un petit coup d’œil à l’anémomètre qui indique déjà 25-28 nœuds. Je sors pour vérifier les amarres, on ne sait jamais. Le matin, c’est 30 nœuds qui s’affichent au compteur avec des pointes à 35 nœuds. Nous sommes bien à l’intérieur et, ce matin, c’est grasse matinée en écoutant chanter les haubans du port.
Le vent a mangé du lion et, à midi, c’est 35 nœuds, rafales à 42 nœuds. C’est un peu plus que la prévision. Dedans, les portes de la cuisine sont devenues automatiques à l’ouverture : nous avons une gîte permanente de 4°. Il suffit de désengager la targette, la porte s’ouvre toute seule. Le vent nous arrive par le travers et, pendue par ses amarres au vent, Strana a un air penché. Dehors, c’est nous qui avons un air penché pour lutter contre le vent et les bourrasques.
Ça clapote fort dans le port, mais, avec son isolation sur la coque et son roof épais, Strana amortit le bruit. Mais on ne va pas rester enfermé pendant tout ce temps ; vivre en bateau, c’est vivre dehors, alors courage. Dehors, la température a chuté à 6 °C. Avec le vent, la température ressentie est proche de 0°C. Nous enfilons nos couches et nous partons visiter Glowe et repérer les commerces. C’est un lieu de vacances, c’est certain, même si c’est un peu mort aujourd’hui à cause de la météo. Nous tombons sur un village de vacances plutôt charmant avec des maisons à toit de chaumes et, entre elles et la plage, un parc avec des sculptures en pierre dont l’une est en cours de réalisation. Promenade tonique qui s’achèvera par une infusion bien chaude.
La nuit suivante, le vent ne dépasse pas 35 nœuds. Ça s’arrange un peu. Nous sommes maintenant le 6 mai. Au café du matin, un petit coup d’œil à la météo nous rassure sur le lendemain. Ce sera le jour du départ pour le Danemark.