Sjælland, l’ile de la capitale København (Copenhague). Vous n’imaginez pas la difficulté de conserver les noms propres danois avec un clavier AZERTY (France) ou QWERTZ (Suisse). Il faut garder une page dans le navigateur sur les caractères nordiques (je vous recommande « Norway Typing Æ, Ø, and Å ») ou être un virtuose de « Alt Gr » (qui fonctionne une fois sur deux sur mon clavier). Mais, moi, j’aime les noms en langue originelle.  Ça conserve le parfum du lieu.

Sjælland, la plus grande île du Danemark.

En français, Sjælland, c’est l’île de Zélande, pas la Nouvelle découverte par Abel Janszoon Tasman (un hollandais), pas l’ancienne qui se trouve aux Pays-Bas, mais une autre. Littéralement, Zélande c’est la terre de la mer. Des terres de la mer, on en trouve partout en Mer du Nord et Mer Baltique. Les hollandais et les nordiques n’ont pas fait dans l’originalité. Mais, y aurait-il une autre signification ? Une autre interprétation serait que Sjælland fasse plutôt référence au fjord profond qui mène à Roskilde, un site habité depuis des lustres. Ce fjord ressemblerait à un lac une fois dedans, See (en allemand), Sjæl (en danois). Alors, c’est une mer ou un lac ?

La traduction danoise moderne de « Sjæl », c’est l’âme. Serions-nous au cœur du Danemark ? Même, si cette dernière signification est erronée, c’est celle que je préfère. Nous voici donc au cœur du Danemark. Nous avons ancré à 280 mètres du rivage dans 5 m de profondeur dans des fonds de sables/algues. Avec 30 m de chaîne, nous sommes sûrs de passer des nuits tranquilles. Nous sommes protégés des vents de secteur Est qui ont soufflé la nuit dernière et qui souffleront également cette nuit, mais faiblement.

La terre qui s’offre à notre vue se nomme l’Odsherred Peninsula. Elle se situe seulement 100 km de Copenhague, mais, en venant de la mer, nous avons l’impression d’être au bout du monde. En ce matin ensoleillé, le lieu se prête à une exploration pédestre. Mais auparavant, l’idée de prendre le petit-déjeuner sur la plage fait son chemin. Le café et le thé dans les thermos, les tartines dans le sac, l’annexe de Strana transformée en cargo s’échoue sur la plage pour nous permettre de savourer l’ensemble, paysage inclus, à notre petit-déjeuner.

Notre petit tour de la péninsule va nous mener d’un sentier côtier à l’aller, à travers les buissons de camarine noire, à une forêt constituée en partie de pins, au retour. La camarine noire est une baie comestible qui arrive à maturité en août-septembre et qui perd son amertume après les premières gelées ou après un passage au congélateur.  Mais nous sommes trop tôt dans la saison pour la cueillette et nous n’avons pas de congélateur à bord, alors nous ne nous attardons pas dans les buissons.

Le retour par la forêt nous fait découvrir des maisons nichées au milieu des arbres avec une vue à couper le souffle, probablement des résidences secondaires vu la proximité de Roskilde ou Copenhague.

Ma curiosité sur les lieux où nous posons le pied me pousse à parcourir l’histoire de la péninsule. Nous y trouvons la tombe de Hamlet qui a inspiré Shakespeare, mais nous y trouvons surtout la main de l’homme qui a transformé un paysage forgé par les glaciers qui couvraient la Scandinavie. Comme dans de multiples endroits de la Mer du Nord et de la Baltique, l’homme a regagné de la terre sur la mer, ici, en transformant le Sidinge Fjord et le Lamme fjord en terres cultivables. Les travaux ont débuté en 1873 et le pompage s’est achevé en 1943. Titanesque. Il faudra peut-être un jour rendre ce que nous avons emprunté…

La journée se terminera par un bain suivi d’un lézardage en règle sous le soleil déclinant de Knarbos Klint.

Une vue dont on se ne lasse pas.