Après une journée de repos, nous voilà prêt pour la deuxième étape du tour de la baie de Somme. Après le sud, nous allons au nord. Notre motivation principale est notre désir de flâner en vélo dans la région, mais ce n’est pas la seule. Depuis la Normandie, la taille des plages a sérieusement augmenté et, avec elle, une furieuse envie de revivre une expérience de char à voile dans ce cadre magnifique des plages du nord. Une petite enquête numérique nous a fait découvrir un site parfait, devinez où ? Au nord de la baie de Somme, à Quend-Plage. Seulement, il y a quelques kilomètres pour s’y rendre et notre seconde motivation est donc de faire une petite reconnaissance pour savoir si nous pouvons rejoindre cet endroit en vélo sans arriver grillés avant la séance.
Le ciel est bleu et il fait chaud pour la région. Une belle journée pour une flânerie à vélo. Notre promenade du jour commence par un parcours de liaison entre les deux communes de la baie : Saint Valery sur Somme et Le Crotoy. Ce sont également les deux principaux ports. Saint Valery a été le théâtre de l’histoire ancienne : le départ de Guillaume Le Conquérant pour envahir la Grande-Bretagne et Jeanne d’Arc y a été incarcérée avant son procès à Orléans. Le Crotoy abrite l’histoire moderne avec la naissance du tourisme au dix-neuvième siècle et la première école de pilotage créée en France par les frères Caudron. La liaison n’est pas très agréable. Elle longe une route à grande circulation. La piste cyclable est en contrebas. Rien de très passionnant jusqu’à l’arrivée sur Le Crotoy où une bifurcation nous permet de rejoindre la ville en passant par le bassin de chasse. Là, c’est l’immersion dans la baie avec le schorre, les pêcheurs à pieds, les oiseaux, le calme et le bruit de nos chaînes.
Le Crotoy a vraiment une allure de station balnéaire. Son slogan : la seule plage du nord qui est tournée vers le sud. Il y a encore quelques pêcheurs de crevettes en activité mais les belles années de pêches sont derrière eux. La baie s’ensable de plus en plus sur cette partie de la baie. Un arrêt au port du Crotoy n’est pas recommandé pour les bateaux à fort tirant d’eau. Vous n’êtes pas sûr de ressortir.
Ces plages qui voient aujourd’hui beaucoup de promeneurs les arpenter, voyaient en 1910 les avions décoller et atterrir. Les frères Caudron avaient créé un aérodrome avec une école de pilotage dont le terrain était sur la plage. Les cours devaient avoir lieu à marée basse, sur le sable humide et dur.
C’est face au sud, donc sur un banc au-dessus de la plage que nous prenons notre déjeuner avant de repartir en direction du parc de Marquenterre. Nous longeons le marais de La Bassée dans lequel des vaches des highlands prennent un bain de pieds entourées d’oiseaux. Assez bucolique, ça méritait une photo.
A l’approche de Saint-Firmin, nous bifurquons pour rejoindre le sentier côtier du nord de la baie. Séquence tout-terrain d’abord soft, quelques ornières, mais rien de bien méchant. Puis, un peu plus hard pour nous et nos petits vélos : du sable bien mou sur un chemin qui sillonne à travers les dunes. Impossible de tenir sur nos vélos, nous les poussons difficilement le long d’un paysage magnifique, heureusement. Une troupe de cavaliers sur des chevaux Henson, typiques de la région, rigolent bien en nous voyant pousser nos montures récalcitrantes dans le sable et nous plaisantons avec eux. Il fait soif et nous ressentons un peu la fatigue mais nous finissons ce sentier, appelé le sentier des bergers, au milieu des pins et leur senteur envahit nos narines. Même forêt, même sable, même odeur, même soleil, nous sommes transportés illico en méditerranée, avec quelques degrés de moins tout de même.
Les balades en vélo du coin portent toutes des noms d’oiseaux. Nous rejoignons le circuit de l’Avocette, petit oiseau élégant, après ce petit détour sportif. Nous passons à côté du parc du Marquenterre, 200 hectares de réserve naturelle gagnés sur la mer dans les années cinquante par un agriculteur qui voulait produire des jacinthes et des tulipes. Il a d’ailleurs invité les néerlandais à venir appliquer leur savoir-faire sur les polders à cette occasion. Les Pays-Bas, grands producteurs de fleurs, n’étaient-ce pas ses concurrents directs ? Toujours est-il que l’affaire a capoté et a été remplacé par un parc ornithologique.
Il est temps de recharger les batteries avec une halte à Rue, petite ville riche de l’histoire des frères Caudron qui avaient ici une usine de production d’avion. Un gâteau battu, spécialité du coin, dans l’estomac, le coup de pédale devient plus ferme pour le retour vers Saint-Valery.
Partis à 11 heures ce matin, nous voilà de retour à 18h30. On avale vite notre repas à bord car le ciel est tellement clair, que ce soir le spectacle du coucher de soleil sera flamboyant. A 22 heures, nous sommes sur les gradins pour y assister.