Le gravelot est une espèce d’oiseaux aquatiques. Il y a le petit Gravelot et le grand Gravelot. Dans le circuit, c’est pareil. L’office de tourisme vous propose un circuit à vélo nommé le circuit du Gravelot qui fait trente-sept kilomètres, nous allons l’appeler le petit. Nous l’avons fait avec nos vélos pliants mais à force de tour et de détour, le petit est devenu un grand Gravelot. Cui-cui fait la chaîne qui appelle à la graisse.
Nous partons de Saint-Valery-Sur-Somme. Pas d’accent sur le e de Valery. Nous avons toujours eu du mal à le prononcer sans dire Valéry et nous ne sommes pas les seuls: ils raccourcissent en disant Saint-Val. Problème d’élocution réglé, nous n’avons pas besoin de rendez-vous chez l’orthophoniste.
La première étape nous emmène à travers la campagne picarde: Estreboeuf, Pendé, Lanchères avec un petit crochet dans les marais pour rejoindre la petite station balnéaire de Cayeux sur Mer. Nous atterrissons sur un quartier pas balnéaire du tout de Cayeux. Une immense plage de galets doublée d’une usine qui les utilise. Cayeux serait la capitale du galet. Je pourrais vous raconter l’histoire du galet de Cayeux mais je vais juste vous dire que ce n’est pas pratique de rouler dessus et ça fait mal aux pieds. Pour le reste et pour améliorer sa culture générale, allez voir ce qu’en dit la commune de Cayeux.
Comme toutes les stations balnéaires nordiques à partir de la Normandie, la plage est peuplée de cabines de bains. Aujourd’hui fixes, elles ont été mobiles pour que les baigneurs et baigneuses puissent se baigner sans être vus en maillot de bain pour ne pas contrevenir aux règles morales de l’époque (fin du 19ème siècle). Elles donnent un certain charme à la plage. Celles de Cayeux sur Mer sont décorées. Il y en a autour de cinq-cents publiques ou privées. Nous décidons de pique-niquer sur un banc face à la mer, dos aux cabines, avec le spectacle des pêcheurs à pied et des kite-surfs sous nos yeux. Bien ventilé le pique-nique.
Pour la digestion, un petit tour dans Cayeux plutôt calme, c’est encore la morte-saison. Le retour sur Saint-Val, je vous fait grâce de la prononciation, se fera par la côte, direction la pointe du Hourdel pour commencer, par la route blanche qui traverse les dunes. Construite par les allemands pendant la seconde guerre, elle a été conservée et utilisée comme route départementale. Mais face à un ensablement permanent, elle a été transformée en piste cyclable/chemin piéton … ensablée évidemment.
En chemin, nous faisons un arrêt pour aller sur la plage où nous allons faire nos premiers pas dans la baie de Somme. Nous sommes à marée basse, l’occasion de marcher dans les espaces réservés à l’eau à marée haute: le schorre quand elle est très haute, à l’occasion des grandes marées; le slikke recouvert à chaque marée haute. Le slikke est désert ou presque. Le schorre est occupée par des plantes, à l’aise avec l’eau salée, dont les agneaux se régalent, les pauvres, pour finir dans les assiettes des chanceux qui dégusteront l’agneau de pré-salé. Malheureusement, ce n’est pas la saison. Nous nous rabattrons sur la salicorne (rare plante du slikke) et l’aster (plante du schorre) à la crème. L’agneau peut dormir tranquille. Sans plaisanter, cette baie de Somme est magnifique avec ses oiseaux, ses plantes, sa géographie qui change selon les heures de la journée. Nous aurons la chance d’y ajouter un groupe de phoques que nous observerons aux jumelles. Ils se reposent sur un banc de sable en attendant la prochaine marée haute pour aller s’approvisionner en poissons. Et pour finir la description da la faune locale, ne pas oublier les bipèdes et les biroues.
A la pointe du Hourdel, Il y a un phare. Moi, j’aime bien voir les phares de près, c’est bon pour la nuque. Bien entendu, il est préférable de les voir de près quand on est à terre plutôt qu’en mer. En mer, c’est souvent trop tard …
En quittant, le phare du Hourdel, nous nous rendons à la maison de la baie de Somme. C’est un endroit plutôt bien fait qui concentre tout ce que la baie de Somme compte comme faunes et flores avec une belle mise en scène. Nous en sortons un peu étourdis par la profusion de vie et nous n’en retiendrons finalement qu’une infime partie; mais, c’était un plaisir pour les yeux et les oreilles (le chant des piafs).
Nos jambes de cyclistes amateurs et flâneurs bien fatiguées, nous enfourchons nos montures pour la dernière étape qui rejoint Saint-Val (encore un cadeau pour votre langue) par le sentier côtier. Séquence tout-terrain pour conclure, qui va surtout nous achever. Moi qui rêvait du Cap Horn, je vais passer aujourd’hui le Cap Hornu en vélo juste avant Saint-Val (et hop, cadeau !). Pris d’une fringale sur ma selle, je dépose Colette avec un sprint final pour rejoindre la boulangerie la plus proche cinq minutes avant la fermeture de la ligne. Victoire: le goûter est dans la poche. Et c’est sur un banc de Saint-?, face à la Somme avec la lumière du soir que notre journée s’achève. Demain, ce sera relâche, c’est sûr.