Une petite enquête numérique nous avait révélé les meilleurs spots de la région pour pratiquer le char à voile ainsi que quelques recommandations sur les centres qui proposent cette activité.

Nous avons jeté notre dévolu sur Quend-Plage qui semble bien adapté à cette pratique. Comme en bateau, pour tirer le maximum de plaisir d’une séance, il faut choisir le moment  où la météo et la marée sont les plus propices, si la possibilité de choisir existe.

Quelques jours avant, nous avions suivi les prévisions et le dimanche 12 juin apparaissait être un très bon jour pour tenter l’expérience, plutôt en fin d’après-midi pour être à marée basse. Dans la foulée, nous avions donc réservé en espérant que les prévisions se maintiennent. Le rendez-vous est pris. L’aventure commencera le 12 juin à 17 heures au centre Ozone à Quend-Plage. Au programme, trois heures de randonnée en char à voile.

Nous surveillons chaque jour et les prévisions restent stables. Depuis la veille, nous savons que les conditions seront idéales : vent bien orienté par rapport à la plage, 10 à 15 nds, beau temps. Parfait pour le menu du jour : bus, déjeuner, vélo, char à voile, vélo.

La reconnaissance effectuée pendant la promenade au nord de la baie de Somme nous avait convaincu que de prévoir un aller en bus pour nous rapprocher de Quend-Plage économiserait nos forces, car il y a tout de même 30 km à faire, suivis de 3 heures de char à voile, suivis de 30 km à vélo pour rentrer (le soir).

Nous voici donc à l’arrêt du bus qui se situe à proximité du port avec nos vélos pliés et nos sacs à dos. C’est un arrêt de campagne mais en ville: pas d’horaires affichés, pas de marquage. C’est un simple abri et le doute nous envahit : sommes-nous au bon endroit ? Nous sommes un peu en avance et Colette, d’un coup de pédale, va à l’Office du Tourisme pour vérifier si nous ne nous sommes pas trompés d’endroit ; à priori, non. L’heure de passage du bus passe … mais pas le bus. Un peu de sophrologie pour se convaincre qu’il va finir par arriver. Il nous reste toujours le plan B d’y aller en vélo. Nous en avons le temps mais nos jambes sont un peu réticentes. Il finit par arriver, elles sont soulagées.

Il va nous amener à Rue où nous avons prévu de déjeuner avant d’entamer l’étape à vélo qui nous mènera à Quend-Plage. Nous sommes peu nombreux dans le bus : nous, le chauffeur très sympa et son fils qui l’accompagne dans ses tournées.

Le déjeuner est pris sur une terrasse d’une brasserie qui donne sur la rue à Rue, face au beffroi (je n’ai pas pu m’en empêcher). Nous finissons notre copieux repas. Il est déjà 14 heures, il est temps de se dérouiller les jambes pour une petite ballade à vélo, direction Quend-Plage-les-Pins. C’est le nom complet de l’endroit où nous allons. Ca sent les vacances, et surtout, le pin. Car, en effet, l’extension du nom n’est pas volée : il y a des pins partout.

La plage de Quend est immense. Un petit vent la balaye ; le soleil la chauffe. Nous sommes dimanche et beaucoup profitent de cet instant. Nous disposons encore d’un peu de temps ; la sérénité du lieu nous plonge dans une sieste réparatrice sur la plage, avant l’action.

16h45, nous sommes au centre Ozone. Nous allons dans le vestiaire extraire de nos sacs à dos de quoi nous équiper pour la séance. Le char voile est une activité proche de la nature : vous revenez en général tapissé de sable et trempé d’eau de mer. Ne pas oublier ce qu’il faut pour repartir comme vous êtes arrivés, c’est-à-dire sec au moins. Pour le sable, rien à faire, vous ne pourrez pas éviter les petits grains baladeurs.  

Nous sommes nombreux à participer à cette session et ils forment deux groupes : un pour ceux qui n’ont jamais touché une voile, un pour les autres. Tâter les voiles de Strana vous qualifie instantanément d’expert en char à voile et nous faisons donc partie du groupe des autres qui se résume, par chance, à 5 chars plus le moniteur. Colette avait des doutes sur sa capacité à maîtriser la machine. Ils s’envoleront très vite et les trois heures qui vont suivre vont être du pur plaisir.

Ce sont des engins qui vont vite donc il faut de grands espaces. Et la baie de Somme est à nous : nous sommes à marée basse. Le moniteur nous entraîne au cœur de la baie, en évitant les zones de sables mous, en traversant les petits cours d’eau qui sillonnent le sable et qui vous transforme en éponge si vous oubliez de réduire votre vitesse en les passant. Certains ont même des marches qui vous remettent en place gentiment les vertèbres à leur passage. Dérapage sur le sable, empannage, nous longeons des parcs à moules à toucher les piquets. Quelques arrêts pour profiter du paysage, de l’odeur et de la sensation d’avoir gagné du terrain sur la mer.

Le niveau du groupe est bon. La marée est basse, l’heure avancée. Le moniteur décide de nous offrir un beau cadeau. A cette heure tardive (19 heures), la plage s’est vidée de ses occupants. Il devient possible d’aller à la baie d’Authie plus au nord, moins connue que la baie de Somme. Le soleil est bas sur l’horizon, les couleurs prennent les teintes du soir. Nous partons pour un dernier galop, ride, trip, run, qui nous amènera jusqu’à cette baie puis retour au centre. J’ai le sourire coincé au niveau des oreilles et je ne suis pas le seul.

Difficile d’exprimer ses sensations : vous sentez la vitesse, la pression du vent sur votre visage ; vous n’entendez rien d’autre que le bruit du vent, du roulement sur le sable et, en bruit de fond, la mer; vous avez le goût de l’eau salée sur vos lèvres ; parfois, un peu de sable entre les dents si vous ne fermez pas la bouche. Vos yeux sont hypnotisés par les couleurs de l’eau, du sable, de la nature révélées par le soleil tombant, mais n’oubliez pas de regarder où vous allez.

 Trois heures de drogue douce dont l’effet va nous accompagner tout le long du chemin du retour en vélo, au crépuscule. Nos muscles de mains et des bras s’en souviennent encore …