Distance parcourue : 35 MN
Le ciel nous a fait cadeau d’un temps magnifique au réveil dans la baie du monastère de Selja. Nous avons pu prendre notre dernier café avec une vue magnifique sur le site. Ça sera un beau souvenir.
L’heure du café est également l’heure de prendre la météo du jour pour voir ce qui nous attend sur la route et consigner les dernières prévisions sur le journal de bord. Un peu de Sud-Est, un peu d’Ouest, un peu de Sud-Ouest, une pincée de Nord-Est, une pincée d’Est, une pincée de Sud-Est ; je n’ai rien oublié ? Je crois que nous avons fait le tour du cadran, et tout ceci avec un vent à la vitesse faramineuse de 5 nœuds dans ses meilleurs moments. En langage marin, un mot résume mieux cette longue phrase : pétole. Parfois, deux mots, grave pétole. Ici, les deux mots semblent adaptés.
Il est 8 heures lorsque nous prenons la route ce matin au moteur, bien entendu. Cette route, la veille, j’ai passé une longue soirée à la préparer. Ayant déjà constaté que la mer serait belle et le vent léger, j’ai envisagé un passage au plus court dans un endroit qui a mauvaise réputation : la péninsule de Stad. Pour m’aider dans cette tâche, j’ai essayé d’utiliser le guide de navigation norvégien « DEN NORSKE LOS BIND 4 / FARVANNSBESKRIVELSE STAD–RØRVIK » en norvégien. Pour être franc, je n’y suis pas arrivé. Les amers qui sont indiqués dans ce guide pour suivre une route près de la côte font référence à des montagnes qui sont difficiles à repérer sur les cartes. J’ai renoncé et tracé une route prudente au large, mais plus longue.
En sortant de Selja, nous rejoignons la route très fréquentée de Måløy à l’extrémité de la péninsule de Stad. Proche de nous, nous apercevons Haltbakk le Viking dans son kaupskip (bateau viking utilisé pour le commerce) à clins. Il est magnifique. Sa voile carrée fasseye dans ce vent vaporeux, mais grâce à ses rameurs, il nous devance.
Tout le monde a compris que nous n’avons pas vu un fantôme (un truc dans le café, peut-être ?), mais un petit tanker norvégien sur l’AIS qui semble choisir la route proche de la côte pour enrouler la péninsule de Stad. Exactement ce que j’avais tenté de coucher sur le papier la veille. Nous voici lancés sur la piste d’Haltbakk Viking. Si un tanker le fait, nous pouvons le faire. Et me voici, donc, à surveiller la route AIS d’Haltbakk et à semer sur notre cartographie électronique des waypoints partout où il passe pour suivre ses traces.
Ce ne doit pas être très fréquent, ni très prudent, de passer si près de la côte, mais la vue est magnifique. Cet endroit est très exposé aux caprices de la Mer de Norvège. Deux heures trente plus tard, nous passons l’extrémité de la péninsule de Stad. Haltbakk le Viking nous aura fait gagner 13 MN sur la route que nous avions envisagée. Il reste encore une zone marquée sur la carte « Crossing waves » à passer. C’est une zone de mer agitée régie par les vents et les courants. Mais aujourd’hui, grâce à la météo clémente, un coup d’œil aux jumelles nous confirme que ça ne « cross » pas beaucoup chez les « waves », donc ce sera tout droit à travers la zone.
Nous nous mettons à quai vers 14 h à Runde, à côté d’un voilier suédois. C’est un petit port tranquille, propice à la balade. Allons nous dégourdir un peu les jambes.