Nous sommes le 25 juillet 2022 à Oranjeplaat où je séjourne à bord de Strana, seul,  pendant que Colette termine son dernier mois d’activité professionnelle.

Ma nuit se termine tranquillement. Au petit matin, dans le brouillard du réveil, j’entends vaguement un son électronique lancinant qui ne m’est pas familier. Mes yeux peinent à se décoller, mes oreilles me font entendre ce son d’assez loin. Mon temps de réaction est conforme à cette heure matinale (je ne sais pas laquelle) : il est lent. Si lent, que l’alarme se tait avant que le réveil ne soit total. Je me rendors.

Le rythme est celui des vacances. Normalement, pas de réveil sauf nécessité. Aujourd’hui, rien n’était prévu. J’entends à nouveau le même son, mais il s’est est plus fort. Le premier m’avait réveillé à moitié, celui-là achève de me réveiller. Je me lève pour trouver l’origine du son. En m’asseyant sur le bord du lit, je réfléchis, lentement, sur les origines possibles de ce bruit.

Est-ce l’électronique de bord ? Pas de raison, les systèmes sont éteints. Est-ce dehors ? Je parcours la coursive pour passer la tête par la porte de descente, le son s’estompe puis s’arrête. Il vient clairement de l’intérieur du bateau.

Je suis curieux de savoir l’heure qu’il est, et en regardant mon téléphone, je vois un message en néerlandais qui prend tout l’écran et dont le titre est NL-Alert. Depuis mon arrivée aux Pays-Bas, je tente d’apprendre quelques bribes de néerlandais. Je connais bien vingt mots et trois phrases qui ne servent à rien. Malgré mes progrès fulgurants, je vais devoir demander l’aide de « Translate » pour connaître les détails. Je reconnais bien le mot « water ». S’agirait-il d’une vague scélérate ? D’une inondation dans le pays des polders ?

Traduit, le texte de l’alerte révèle ses secrets : une canalisation d’eau potable s’est rompue en Central Zeeland, où nous nous trouvons, provoquant l’arrêt de la distribution d’eau dans certaines régions. Un petit tour aux sanitaires du port (première action du matin) me confirme qu’Oranjeplaat n’est pas touché. L’alerte demande à tous les habitants de signaler s’ils constatent quelque chose d’anormal au sol. Les autorités dépêchent un hélicoptère pour localiser la rupture.

J’ai été surpris de recevoir cette alerte et, par curiosité, j’ai fait quelques recherches sur NL-Alert. J’ai découvert que les néerlandais ont été les précurseurs de ce système (2012) rendu obligatoire par l’Union Européenne en 2018 pour avertir la population de certains dangers ou de situations critiques.

Il semblerait que ce réveil pourrait nous accompagner également lorsque que nous reviendrons en France car il a  été mis en place cette année (chercher « FR-Alert » dans votre moteur favori). Heureusement, il ne sonne pas souvent, et c’est tant mieux.