En allant plus vite que prévu sur l’étape Ouistreham – Saint Valery sur Somme du 6/7 juin 2022, nous nous sommes présentés 3 heures trop tôt à l’entrée de la baie de Somme qui requiert de la précision pour entrer dans le chenal d’accès. Ne prenons pas le risque de nous échouer et consacrons ce temps à un peu d’entraînement.

Un exercice que nous n’avons encore jamais pratiqué sur Strana : la mise à la cape courante. Les navigateurs connaissent bien cette manœuvre. La mise à la cape courante est une manœuvre faite pour se reposer ou pour étaler une météo capricieuse. Pour les profanes, la voile d’avant n’est pas vraiment dans le sens prévu pour faire avancer le bateau. Elle agit plutôt comme un frein. La grand-voile essaye de le faire avancer, le foc l’en empêche. La grand voile ressemble à un drap qu’on agite. Résultat des courses : le bateau avance très lentement et dérive énormément poussé par le vent.

Certains bateaux tiennent cette mise à la cape, d’autres pas très bien. Comment se comporte Strana ? Voilà ce que nous souhaitons savoir.

Les conditions de l’exercice :

Strana est au près bâbord amure, à 42° du vent réel. Vitesse du vent 18 nds, rafales à 23 nds. Voilure : Grand voile 2 ris + foc. Mer agitée avec une houle de sud-ouest de 0,5 à 1 mètres. Courant portant au 330° 1,7 nds.  Au passage, un petit clap clap pour les performances au près dans cette configuration de l’intégral 43 qui, je le rappelle, est un dériveur lesté.

Normalement, sur l’Integral 43, la préparation d’un virement de bord consiste à :

  • descendre la dérive au vent (dérive bâbord dans notre exercice). Elle deviendra la dérive active sur le prochain bord
  • préparer les écoutes de foc pour border le foc sur le prochain bord
  •  centrer le chariot de grand voile
  • Virer
  • remonter la dérive (dérive tribord dans notre exercice) qui est devenue inutile et qui se trouve au vent sur le nouveau bord

Pour la première phase de notre essai, voici ce que nous avons appliqué pour la mise à la cape:

  • ne pas toucher aux dérives
  • ne pas toucher aux écoutes de foc
  • centrer le chariot de GV
  •  virer doucement pour freiner le bateau en choquant la grand voile après le passage du lit du vent
  • pousser la barre sous le vent. Le bateau ne doit pas repasser le lit du vent.
  • fixer la barre avec un cordage dans cette position

A ce moment, la dérive tribord est restée basse.

Pour la deuxième phase de notre essai, nous sommes alors déjà à la cape :

  • remontée de la dérive que nous n’avions pas touchée au virement (dérive tribord)
  • descente de la dérive bâbord

Les dérives ne sont pas parallèles à l’axe du bateau. Elles ont un angle de pincement qui peut avoir un effet sur le comportement du bateau.

Pour la troisième phase, nous relevons les deux dérives

Résultat de l’exercice :

1ère phase : Vitesse de dérive : 2,9 nds. Route de dérive à 100° du lit du vent.

2ème phase : Vitesse de dérive : 2,7 nds. Route de dérive à 105° du lit du vent.

3ème phase : Vitesse de dérive : 2,2 nds. Route de dérive à 115° du lit du vent.

Dans toutes les phases, nous avons rencontré des problèmes avec la bôme de la grand voile. Pour rappel, l’écoute est choquée ; la bôme n’est plus retenue par l’écoute et subie les assauts des vagues. Le chariot d’écoute de grand voile souffre ainsi que le vît de mulet (point d’attache articulée de la bôme au mât).

Que peut-on en conclure ? Nous avons testée une retenue de bôme qui a cassé deux fois (c’était un vieux cordage). Elle est indispensable sur Strana pour cette manœuvre sinon le matériel risquerait de souffrir. Pour ce qui est des dérives, le choix dépendra de l’eau à courir sous le vent : 15 degrés et 0,7 nds d’écart laissent un peu de flexibilité. A analyser sur la carte marine le moment propice. Ils nous restent à tester la configuration avec les deux dérives basses. Nous n’avons pas eu le temps de le faire car, finalement, trois heures en bateau, ça passe vite.