Nous sommes, le 22 août. Il est 20h. Cette journée de navigation a été épuisante. Beaucoup d’efforts et de concentration pour traquer les problèmes et passer les manœuvres. Mes batteries sont à plat, mais il faut encore un peu de calcul mental pour connaître la hauteur d’eau à l’instant où nous arrivons pour vérifier que nous sommes bien là où nous pensons être. Il faut également anticiper la hauteur d’eau à basse mer et à haute mer pour décider de la longueur de chaîne à mouiller et déterminer le rayon d’évitage qui change en fonction de la hauteur d’eau. L’évitage, c’est le cercle que décrit le bateau autour du point fixe (en principe) que représente l’ancre.

Chaque préliminaire de mouillage commence par des ronds dans l’eau pour tenter de se faire une idée de la hauteur d’eau autour de la position du mouillage. Là, c’est facile. C’est une grande anse et nous sommes assez loin du bord. Puis viens l’instant où la pioche, nom familier pour désigner l’ancre, est lâchée avec la longueur de chaîne adéquate. Il faut alors commencer les labours : cela consiste à reculer doucement jusqu’à la tension de la chaîne pour que l’ancre s’enfonce dans le fond et croche. On surveille alors que ça ne glisse pas en prenant un repère à terre et en mettant un peu de gaz pour faire comme s’il y avait du vent. Si ça ne bouge pas, la nuit pourrait être tranquille. Noter l’emploi du conditionnel…

Comment décrire le sentiment qui vous envahit à cet instant. Regarder bien la première photo, ci-dessous. C’est ce que nous avions sous les yeux. Fermez-les maintenant et garder là en mémoire. Vous n’entendez plus de bruits à l’exception d’un léger clapotis. Un léger vent vient vous lécher le visage. 2 minutes, 5 minutes, 1 heure. Ça ressemble furieusement à de la méditation et nous pouvons vous assurer que ça peut durer sans qu’un seul de nos petits doigts se lève, sauf pour se préparer un thé pour accompagner ce spectacle. Toute la nervosité de la journée est oubliée, la relaxation est totale.

Relaxés oui, mais fatigués, surtout moi. Je n’ai pas trop le courage de remettre ça tout de suite demain. J’ai besoin de digérer un peu cette journée et de savourer la vie à bord de notre nouvelle résidence secondaire. Nous décidons de prendre une journée de vacances demain. Nous allons rester au mouillage. La météo sera belle : baignade et repos au programme + préparation de la prochaine étape.